A quoi pensent les petites sœurs ?

Contrairement à ce qu’on pense, elles ont beaucoup de choses derrière la tête.

Les petites sœurs pensent que vous n’êtes pas un modèle

Même si vous ne le dites pas, vos gestes vous dénoncent. Vous donnez l’impression d’être une personne accomplie qu’il faudrait à tout prix imiter. Vous êtes un modèle infaillible que les plus jeunes devraient imiter. Qu’ils en prennent de la graine !

Mais le récit familial vantant la place du grand frère est complètement dépassé.

Si cette désuétude n’empêche pas le respect, il faut reconnaître que c’est assez surprenant. Vous n’inspirez plus le respect, vous devez parfois le légitimer. Cela montre qu’il y a des relations à repenser. Vous n’êtes plus l’(unique) héroïne de la famille, qui brasse les diplômes et rend fiers ses parents. Ces réussites, les cadettes peuvent aussi les atteindre.

En clair : les liens ne sont plus centrés sur la figure de l’aîné, mais autour de tout le monde. De plus, entre votre entrée dans le monde du travail et le leur, des opportunités nouvelles ont émergé. Les années ont passé, les parents ont pris en âge et leur rapport à l’éducation a changé, en s’assouplissant ou en redoublant de rigueur. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les quelques années qui vous séparent de votre petite sœur ne sont pas de simples chiffres. D’autres manières de prendre sa place au sein de la famille sont apparues. La hiérarchie familiale au sens strict est à repenser. Vous pouvez être inspirante, mais pas une source d’inspiration.

Les petites sœurs trouvent que vous êtes pénibles

« Retrouve-moi à [citer un endroit compliqué à situer en région parisienne] », « Va me chercher ça » « Quoi, vous ne mangez pas [insérer aliment très coûteux] ? »

Les visites inopinées sont une chose, mais être difficile à supporter est autre chose. Si vous surprenez le regard perçant de votre petite sœur après lui avoir demandé un énième service, sachez que ce n’est pas de la tendresse. Si vous avez quitté le foyer et que vous y revenez dans le cadre d’une visite, faites-le dans le respect des habitudes de ceux qui y sont restés. Cela ne signifie pas que vous n’avez plus votre place dans l’appartement qui vous a vu grandir. Au contraire, cela signifie que la priorité est donnée à celles et ceux qui y résident encore, assument les charges, soutiennent les parents. Leurs besoins et leurs habitudes doivent être pris en compte. Les solliciter à bon escient fait partie de cette notion de respect.

Les petites sœurs n’ont pas besoin de connaître de votre avis

« Vous ne faites pas [insérer activité onéreuse] ? » « Vous devriez installer [insérer une décoration extrêmement chère, qu’on n’a jamais pu acheter du temps où on vivait chez les parents] »

Être une grande sœur ou un grand frère confère un sentiment de responsabilité. Les prérogatives, aussi, sont immenses. Les expériences accumulées donnent un sentiment de légitimité, mise au service, pense-t-on, de l’orientation des plus jeunes. Cela peut être de la générosité, de la bienveillance innocente, comme de la condescendance irritante. Interroger les petites sœurs sur les nouvelles directives de l’appartement, les accabler de conseils, les harceler de recommandations… il faut cesser ! Partez du principe que les petites sœurs vous demanderont conseil si vous inspirez confiance. A l’inverse, si vous n’avez cessé de les agonir d’invectives toute la période précédant votre départ (béni) de la maison familiale, tout une relation sera à reconstruire. Si vous les avez souvent jugées, mises au défi, il n’y a pas à s’émouvoir de leur réserve.

Les petites sœurs pensent que vous ne les comprenez pas

« Les petits », « Ca se passe au collège… Euh, au lycée ? » « Elle va bien ta copine [insérer le nom d’une lointaine amie de maternelle » « Jure c’est pas toi qui aimes le dessin ! J’en étais sûre pourtant… »

Sont mises au défi les grandes sœurs qui ont apostrophé leur petite sœur de cette façon d’affirmer hautement qu’elles connaissent leur petite sœur sur le bout des doigts ! Ce genre de paroles n’aide pas à s’en convaincre. Les visites ou les activités en famille sont l’occasion de prendre des nouvelles de ses proches, de se mettre au courant des récents évènements. Ce n’est pas un moment pour faire connaissance avec ses cadets ! Et si votre dernière discussion sérieuse avec votre petite sœur lycéenne remonte à la fois où, en moyenne section, son amie Pauline l’a boudée, cela n’aidera pas davantage. Il faut s’impliquer émotionnellement dans les propos de votre sœur, se mettre à sa place, donner de la valeur à ses propos, à son ressenti.

Elles pensent à se prioriser

« Les ‘petits’ ne pensent qu’à eux », « Ils partent en vacances alors que j’ai entendu dire que c’était chaud à la maison », « De vrais égoïstes »

Plutôt que de blâmer les situations, interrogez-vous sur les causes qui les ont provoquées. Une petite sœur qui arbore une mine renfrognée, distraite, effacée, amoureuse de son indépendance nourrit un ras-le-bol, une frustration qui n’ont pas été écoutés. La petite sœur qui vous prend de court avec ses entorses à la doxa familiale, qui défend hautement des choix que vous n’auriez jamais énoncés à son âge, qui vous indigne, qui vous met mal à l’aise, est cette même personne qu’on aura asservi à une situation familiale explosive. En tant qu’aînée vous avez la responsabilité et le devoir d’écouter la tête froide les remarques et sentiments de vos petites sœurs.

Dans le cas contraire, elles font ce qu’il y a de mieux pour elles. Elles saisissent de deux mains audacieuses le bonheur qu’on leur refuse indirectement.

Est-ce que tout est clair ?

Il y a autant de relations que de manières d’être une grande sœur accomplies. De même, il est tout à fait possible d’établir des relations saines, fondées, sur l’entraide, la confiance, la sincérité.

2 Comments

  1. avatar
    Aminata Ndiaye says:

    Merci pour cet article qui nous permet (enfin) de mettre des mots sur tout ce qu’on ressent au quotidien. ❤️

    1. avatar

      Avec plaisir !
      Mettre au jour les difficultés dans nos rapports avec nos frères et sœurs est vraiment une nécessité. .

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